
Inquiétant constat. Le pays croule sous les dettes et l’Etat cherche, désormais, à contracter emprunt après emprunt afin d’essayer de sauver la face et de réussir tant bien que mal à honorer ses engagements auprès de ses créanciers. C’est la fuite en avant.
Dépassé en effet le stade, déjà critique durant lequel, l’Etat empruntait pour pouvoir continuer à fonctionner. Dur constat, surtout lorsque l’on tient compte de la situation politique critique, plutôt grave dans laquelle baigne le pays.
D’un autre côté, l’Etat ne parvient pas à améliorer ses ressources propres à cause de plusieurs facteurs, dont une faible croissance par rapport à ses potentialités, la baisse notable de la productivité, les multiples freins à la production de ses ressources naturelles, la régression des rentrées en devises, l’évasion fiscale, l’hypertrophie du secteur formel, le déficit de plus en plus grandissant de la balance commerciale avec pour, entre autres conséquences, la destruction rapide et soutenue de son appareil productif, la réduction notable de l’épargne nationale, etc.
L’Etat a, par ailleurs, démontré qu’il est incapable de freiner l’augmentation de ses dépenses de fonctionnement (surtout les salaires de son personnel et les dépenses sécuritaires), celles dues aux dettes de ses entreprises, l’augmentation du volume de ses charges à caractère social, celui du gaspillage, tous genres confondus, etc.
La population, elle, continue d’être désorientée, déprimée, de s’appauvrir à cause du manque à gagner, de la détérioration de son pouvoir d’achat, de la mauvaise qualité des services sociaux publics, et de s’endetter plus que ne lui permettent ses moyens.
Les conflits politiques sans fin, qui surinfectent le pays depuis plus d’une décennie, ont par ailleurs engendré des pouvoirs sans réelle envergure, dépourvus d’une vision stratégique pour le sauvetage du pays et en conflits déclarés entre eux.
Ces conflits ont participé, d’un autre côté, à affaiblir l’Etat, déjà miné par les lobbies mafieux, anciens et nouveaux, le livrant, ainsi, pieds et poings liés, au chantage des syndicats et des corporations ainsi qu’aux conditions imposées par les bailleurs de fonds étrangers. A cause des grèves à répétition, avec un impact destructeur sur l’économie et aussi sur la population, des interminables sit-in, du laxisme, de la corruption, de la contrebande, de la diffusion de fake news et autres calamités, le climat des affaires, déjà repoussant, est devenu aujourd’hui infect.
Voilà, en effet, un peu plus de dix ans qu’une bonne partie de la population est en train de détruire l’économie du pays, chacun à sa manière le livrant ainsi à une faillite imminente et, de là à pénaliser ceux qui se plient en quatre, chaque jour, pour que celui-ci puisse rester encore debout.
A ce phénomène, à la fois inquiétant, criminel et révoltant est venue s’ajouter une mauvaise gestion de la pandémie du Covid-19. Une mauvaise gestion due, entre autres, à l’instabilité politique devenue pathologique et à une indiscipline sociale que l’on pourrait élever au rang d’anarchie. Les différentes mesures, soi-disant susceptibles de réduire la facture de la propagation de l’infection «corono-virale», ont en effet laissé une facture salée et donné un quasi coup de grâce à l’économie de notre pays, livrant par là même des centaines de milliers de familles à l’inconnu et surtout à la pauvreté.
Bref, c’est la spirale infernale qui mène tout droit à la faillite. Nous avons, en effet, dépassé le stade de dépendance chronique dans lequel nous baignons depuis de longues décennies pour nous retrouver à deux doigts de perdre notre souveraineté. Mais la faillite qui nous guette est hélas totale, politique, économique, sociale, intellectuelle et morale.
Aucun sauvetage de l’économie n’est donc possible en dehors d’un sauvetage global. Une action de grande envergure qui doit réellement rompre avec la situation actuelle et permettre à tout le pays de redémarrer à une vitesse capable de le soustraire à la spirale fatale. Continuer à rechercher des solutions de rafistolage et des soins palliatifs ne sert absolument à rien. Les appels à un nouveau soulèvement, à des élections générales anticipées ou encore à l’intervention de l’Armée nationale ne feront, d’un autre côté, qu’aggraver le danger qui nous guette et le rendre encore plus imminent.